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Geoffrey Leciere : "parfois moins

bien traités que les détenus"

 

Geoffrey Leciere a 32 ans et exerce ce métier depuis plus de neuf ans. D’abord, affilié à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), il est aujourd’hui surveillant de prison à la maison d’arrêt de Sequedin. En septembre, il a été victime d’une agression par un détenu. Rencontre.

 

Journalistes  : "Tout d’abord, expliquez-nous en quelques mots, pourquoi vous avez choisi ce métier. Que vous apporte-t-il ?"

 

Geoffrey Leciere : "J’ai tenté plusieurs concours de la fonction publique et c’est celui de surveillant pénitentiaire que j’ai obtenu. Mon beau-père était également surveillant de prison mais ce qui me plaît réellement dans ce métier, c’est le port de l’uniforme. En quelque sorte, je représente l’autorité et l’Etat, j’exerce un métier à responsabilité. Evidemment, le statut de fonctionnaire est également un atout, on a la chance d’avoir une certaine sécurité de l’emploi. C’est non négligeable aujourd’hui."

 

J : "En septembre, vous avez subi votre première agression, que s’est-il passé ?"

 

G-L : "En neuf ans de métier, c’est la première fois que cela m’arrivait. Je faisais tout simplement une ronde, et je me suis fait agresser. J’ai reçu trois coups dont un au visage. Avant ça, j’avais déjà été victime d’agressions verbales mais là, c’était plus violent puisque c’était physique. J’ai été arrêté pendant sept jours. Sur le coup, ça choque et après on se doit de rebondir."

 

J : "Vous êtes père de famille. Vous êtes-vous dit qu’il était temps d’arrêter ?"

 

G-L : "Pas du tout. Bien au contraire. Je n’ai pas du tout envie de dire stop. Et même après ça, je n’ai pas peur d’aller au travail. C’est la routine vous savez. On se doit d’être fort. On m’a proposé une aide psychologique mais je l’ai refusée. Aujourd’hui, je conserve la même manière de travailler. Vous savez, quand une agression comme celle-ci se passe, vous n’êtes pas seul. Entre collègues, nous sommes tous très solidaires. Certains de mes collègues ont craqué et ont tout arrêté. Chacun selon son caractère réagit différemment, moi j’ai simplement décidé de continuer."

 

J : "Quelles sont les raisons selon vous de ces agressions ?"

 

G-L : "Je ne sais pas exactement mais vous savez la prison est un autre monde. Dans mon cas, je pense simplement que le détenu a « pété les plombs ». Ca ne s’explique pas vraiment mais une des raisons, c’est probablement la surpopulation carcérale. Vous savez, à Sequedin, ils sont parfois trois dans une même cellule qui fait 9 m². Et nous ne sommes pas assez de surveillants. Généralement, un surveillant doit s’occuper d’environ 80 détenus, à Sequedin, nous sommes en charge de 120 détenus."

 

J : "Et parlez-nous de vos conditions de travail…"

 

G-L : "Je pense que nous sommes parfois moins bien traités que les détenus. La preuve en est : c’est souvent l’agent qu’on déplace lorsqu’il y a un problème, plutôt que le détenu que l’on transfère. On subit souvent les décisions de l’administration qui ne se rend pas vraiment compte de la réalité du métier et qui se sent souvent peu concernée."

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